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Mon premier marathon : récit d'une course parfaite

Tout sur le déroulé de mon premier marathon

🕒 22 min read

Category: Running

Tags: running, marathon

ÇA Y EST JE L'AI FAIT ! Marathonien ! Dingue, je réalise toujours pas. Après des mois de préparation, plusieurs blessures et plusieurs articles de blog, c'est fait ! Qui plus est, j'ai atteint mon objectif : moins de 3 heures 30 ! Allez, je vous raconte.

Motivation

Tout commence réellement il y a un an et demi. Un ami d'enfance (coucou Robin !) passe de fumeur sédentaire à coureur à pied du jour au lendemain avec comme objectif un marathon en 2025. Moi qui courrais péniblement entre 200 et 300 kilomètres par an depuis 2020 sans objectif aucun, voilà qui me donne des idées. Mais à cette époque, je ne jure encore que par le vélo. Mon premier triathlon n'a toujours pas eu lieu, et le semi de Berlin couru en 2h00'22" l'année précédente n'a déclenché aucune passion. Plutôt l'inverse, je me souviens franchir la ligne d'arrivée, après 21 kilomètres, et me dire qu'il me serait absolument impossible de faire un kilomètre de plus.

Le triathlon arrive en Juin et se passe plutôt bien, performance en course correcte dans l'absolu pour quelqu'un qui court peu mais franchement nulle comparée à mon niveau en vélo : allure de 5'09"/km, sur une distance de 4.25 kilomètres. Alors ok, je viens de nager et faire 20 kilomètres de vélo, mais soyons honnête c'est pas grand chose. Je savais que je pouvais faire beaucoup mieux.

La fin de l'été 2023 est là et un constat s'impose à moi : je dois veux perdre 5 kgs pour être meilleur sur le vélo, notamment en montagne. Je viens à nouveau de participer à l'Étape du tour, et malgré une belle progression entre 2022 et 2023, le constat est que j'ai quand même 5 kgs superflus qui me font perdre du temps en montagne. Pourquoi 5 ? Un chiffre un peu au hasard au doigt mouillé, sorti après m'être contemplé 30 secondes devant un miroir 😆. Chiffre réaliste quand même. L'objectif est donc de descendre à 75 kgs pour 1,87m. Le plan est simple : changement d'alimentation (ou plutôt rééquilibrage) et augmentation du sport, notamment de la course à pied, de manière pérenne.

En parallèle, la fasciite plantaire que je me traîne depuis le semi de Berlin en 2022 s'améliore vraiment, je n'ai quasi plus mal, ça me remotive. J'en profite pour m'acheter de nouvelles chaussures et augmente mon volume kilométrique dès l'automne 2023.

L'année avance, l'hiver pointe le bout de son nez et au boulot je remarque que, quand même, beaucoup de gens courent, la trentaine oblige. Par ailleurs, les beaux jours étant terminés, un certains nombre de cyclistes se transforment en coureurs, et ça se voit sur Strava !

Finalement, le coup de grâce viendra en Novembre ou Décembre 2023, lorsque les résultats de la loterie du marathon de Berlin tombent : trois très bon amis de Berlin, cyclistes aussi, sont pris et feront le marathon de Berlin en 2024. C'en est trop pour mon ego, je suis challengé !

L'hiver 2023/2024 passe, ponctué de ski et de course à pied, et ma motivation à courir ne fait que grandir. Je parviens à maintenir un volume kilométrique certes faible mais constant, et en progression tout l'hiver. Je m'inscris à nouveau au semi de Berlin pour Avril, à un 5 kilomètres trois semaines plus tard, et à un 25 kilomètres en Mai. Je parviens même à courir un 21 kilomètres dans un parc fin Décembre, hors compétition, juste pour le fun avec des amis.

Là, ça y est je suis motivé à bloc ! Moi aussi, je ferai un marathon. Tout d'un coup, ce qui me semblait impossible 2 ans plus tôt me semble maintenant atteignable.

Je savais que Robin allait faire celui de Paris en 2025, je me décide à m'inscrire aussi. Mais finalement, voyant ma progression rapide et surtout anticipant mon impatience, je décide de ne pas attendre une année supplémentaire : 2024 sera l'année de mon premier marathon !

Février 2024, il est trop tard pour tenter sa chance à la loterie de Berlin. Je cherche un marathon local pour la fin d'année : ce sera à Dresden, à moins de 2h de Berlin en train, une très jolie ville que je connais déjà, parcours assez plat, météo généralement clémente en Octobre. Entre 5000 et 10000 participants sur marathon et semi marathon.

2 mois plus tard, les inscriptions ouvrent pour Paris 2025 : me voilà aussi inscrit.

Et là tout s'enchaîne, mais surtout les courses 😁 : semi de Berlin, nouvelles chaussures (encore !), 5 kilomètres, 25 kilomètres, triathlon, 10 kilomètres - et bien sûr en continuant le vélo. À chaque course, un nouveau record ou presque. Je suis tellement à fond dans la course à pied, que j'entreprends de me concevoir mon propre plan d'entraînement (j'ai abandonné depuis, y'a des apps qui font très bien le taf !) et surtout je veux tout comprendre avec des chiffres.

Cependant, 2024 aura été ponctuée de plusieurs blessures aussi : une longue périostite post-semi-marathon, une entorse de la cheville, et plus récemment une douleur étrange dans un mollet, qui persiste.

Mais voilà, tout ça m'aura amené à ce jour du 27 Octobre 2024 : mon premier marathon.

Entraînement et état des lieux d'avant course

Comme je l'écrivais au dessus, 2024 fut marquée par 3 blessures significatives :

Concernant mon mollet, j'ai mis les bouchées doubles sur le renforcement musculaire et autres exercices dans les semaines précédant la course, et ça a l'air d'avoir plutôt bien marché puisque la douleur avait nettement diminué au fil des jours, au point d'être totalement supportable pendant la course.

En ce qui concerne mon entraînement, j'ai commencé un plan d'entraînement sur l'application Kiprun Pacer fin Juillet, ce qui me laissait 13 semaines jusqu'au 27 Octobre. 4 sorties par semaine, que j'ai globalement assidûment respectées. Deux exceptions : 11 jours sans courir après l'entorse, et une sortie longue de 19 kilomètres à J-7 que j'ai sautée, à cause de ma douleur au mollet, mais aussi et surtout car le même jour je faisais 100 kilomètres de vélo.

En cette veille de course, je me retrouve à avoir cumulé sur l'année près de 1200 kilomètres de course à pied, et ma blessure au mollet est largement supportable. Quant à l'entorse, elle est guérie à 100%.

Hôtel

Pour ce premier marathon qui n'était pas à la maison, je voulais optimiser la logistique le plus possible. J'ai donc pris un hôtel littéralement en face de la ligne d'arrivée du marathon, et à 1 km du départ : le Maritim Hotel. Par chance, l'Expo (le village), là où on récupère le dossard, était dans le bâtiment d'à côté, un centre des congrès.

Intérieur de l'hôtel
Vue intérieure de l'hôtel

L'emplacement était donc vraiment parfait. L'hôtel en soi était top aussi, il y avait une piscine (inclus dans le prix), sauna (5 euros), un resto. Cependant on a profité de rien par manque de temps. Et pour le resto, on avait ramené notre propre nourriture pour ne prendre aucun risque.

Seul bémol : vu qu'Octobre est considéré comme "la saison froide", d'après le staff, l'hôtel avait désactivé toutes les clim. Mais ce weekend de course était relativement chaud, 18 degrés dehors. À l'intérieur de la chambre, il faisait 25 degrés, mesurés avec ma montre. Et impossible d'allumer la clim. On a du laisser la fenêtre ouverte plusieurs heures pour parvenir à faire chuter la température autour de 23. J'avais peur que ça perturbe ma nuit, mais ce ne fut pas le cas.

Heure de départ et changement horaire

Alors là, jackpot pour moi. Déjà que j'aime pas me lever tôt, mais là, le départ était prévu pour 10h30, je ne pouvais pas rêver mieux ! Bonheur. Limite un peu tard même 😂. Mais surtout, la nuit du samedi au dimanche était la nuit du changement d'heure, d'été à hiver : à 3h du mat, il allait être 2h. Donc ce départ à 10h30 était en fait un départ à 11h30 dans l'ancienne heure. Incroyable ! Une super nuit de sommeil se profilait donc.

Vêtements de course
Affaires prêtes - avant de se coucher
TODO list de course
Ma race sheet

C'est bien connu, les veilles de course, on dort en général très mal, à cause du stress. Je savais donc que les nuits d'avant seraient déterminantes et qu'il me fallait dormir ! Et bien j'ai réussi ! Toute la semaine précédant la course, j'ai dormi à chaque fois entre 7h et 8h par nuit. Mais surtout, alors que je m'attendais à peu dormir du samedi au dimanche, et bien j'ai dormi 8h ! Couché à minuit (ancienne heure d'été), réveil prévu pour 8h30 (nouvelle heure d'hiver), il m'a quand même fallu une bonne heure pour trouver le sommeil... mais putain j'ai dormi et d'une traite ! Je me suis même réveillé avant mon réveil 😁.

Bref, au réveil j'étais au top ! 💪

Recharge glucidique, veille de course et petit déjeuner

La fameuse recharge glucidique. Sur le papier, il faudrait manger des tonnes et des tonnes de glucides. On lit sur internet "10 grammes de glucides par kilogramme de poids de corps par jour", ça me ferait autour de 770g de glucide par jour. Impossible. Dans la réalité, on peut augmenter la dose en réduisant les protéines et les graisses, tout en mangeant un peu plus que d'habitude quand même. C'est ce que j'ai fait.

Puisqu'il fallait voyager pour ce marathon dès samedi matin, je ne voulais pas aller au resto et manger n'importe quoi ensuite. Control freak ! Du coup le plan de la semaine était le suivant :

Jeudi et vendredi : à la maison. On ne change pas les plats habituels, seules les doses augmentent. On réduit un peu la part de légumes quand même.

Samedi et dimanche : à Dresden dès le samedi midi, plus aucun légume, à fond les glucides. Le vendredi soir j'ai donc pré-cuit à la maison, pour 2 personnes :

En plus de ça, j'ai emmené du pesto, du Speisequark, du lait de soja, des flocons d'avoine, du müsli au chocolat, du Maurten Drink Mix, des bananes et une clémentine.

Photo dans un train
Train vers Dresden

Ainsi, samedi matin c'était le trajet en train vers Dresden. On est arrivé vers 13h puis on a déjeuné dans un parc : patates + riz + pesto + Speisequark + clémentine. Ensuite, direction l'Expo pour récupérer le dossard, et enfin hôtel check-in. Là, on a quand même chillé un peu avant d'aller faire un peu de shopping dans le centre de Dresden (à vélo, pour ne pas se fatiguer 😉). Et c'est là qu'une crêpe et une tablette de chocolat sauvages sont apparues... 😋😂 Ah oui et j'allais oublier : petit shake out run de 20 minutes juste après avoir checked in à l'hôtel, vraiment lentement, à peine plus de 3 kilomètres. Histoire de... J'aurais préféré faire ça le matin mais c'était pas vraiment possible.

Expo

Et samedi soir, c'était pâtes pesto, avec un reste de riz et de patates du midi. Puis maxi chill dans la chambre d'hôtel, on accroche le dossard et prépare tout pour le lendemain matin. Beaucoup de gens accrochent leur dossard le matin, moi je préfère la veille, moins de risques d'oublier quelque chose avec la tête dans le cul matinale. 😁 Et juste avant minuit au lit !

Et le dimanche matin, entre 8h30 et 9h, soit plus d'une heure trente avant le départ : lait de soja avec müsli et flocons d'avoine (en quantité !), et on finit les pâtes et le riz avec du pesto. En plus de ça, une banane et du Maurten Drink Mix. L'idée c'est de manger des choses facilement digérables. En ce qui me concerne, 1h30 avant course ça passe, mais fallait pas manger plus tard, au risque d'avoir des problèmes de ventre.

Avec tout ça, j'étais calé, aucun doute.

Le sujet tabou 💩

Parlons-en. Le sujet dont personne ne parle mais dont tout le monde a peur. 🙈

C'est bien connu, courir, surtout de longues distances, ça donne envie de... d'aller aux toilettes. Souvent de manière brutale et inévitable. C'est ma grande crainte. Mon but avant chaque course est d'être le plus ... vide possible, dirons-nous. Mais je suis quand même préparé à toute éventualité. Je repère par exemple la veille sur la carte les endroits où seront disposés les WC mobiles, au cas où. Et je note au marqueur les kilomètres de ces endroits dans ma main, tout comme je note les kilomètres des ravitaillements d'eau. Oui, c'est une vraie angoisse 😆.

Notes dans mes mains
Tatouage marathon : à gauche les ravitaillements, à droite les WC mobiles

Bref, je vais pas m'étaler sur le sujet, mais pour ce premier marathon, le stress a du jouer un peu. Passage aux toilettes une fois le samedi soir et une fois le dimanche matin après le petit-déj, de manière naturelle j'ai envie de dire, sans forcer le destin. Et ben purée après ça, mon niveau de confiance était inébranlable ! 😇 Encore un facteur qui a contribué à rendre cette course parfaite...

Conditions météo

Je le disais en introduction, en Octobre la météo est généralement cool dans l'Allemagne de l'Est. Cette année, pas manqué ! Même un peu trop chaud. Semaine ensoleillée du lundi au dimanche. La course a commencé sous un grand ciel bleu avec des températures légèrement au dessus de 10 degrés, pour finir avec quelques nuages à 18 degrés ! 🥵🌞 Encore un facteur PARFAIT ! Même si j'aurais préféré 5 degrés de moins je pense, car qu'est ce que j'ai pu boire pendant ce marathon !

Nutrition et hydratation

En parlant d'avoir chaud, parlons nutrition et hydratation.

Mon plan était simple :

Et bien c'est passé CRÈME !!! Aucun problème de ventre, aucun mur des 30 kilomètres, rien ! Niquel ! J'avais de l'énergie jusqu'au bout ! Vraiment hyper content à ce niveau-là.

En ce qui concerne l'hydratation, j'ai bien fait attention à m'hydrater dès le réveil. Petit erreur : j'ai oublié d'emmener une bouteille d'eau sur la ligne de départ, ce qui fait que je me suis retrouvé dans mon sas de départ à avoir soif. J'ai du demander de l'eau à quelqu'un. Mais une fois le départ donné, tout s'est déroulé parfaitement. J'ai systématiquement pris un gobelet d'eau claire à chaque ravito, parfois deux même. Une fois ou deux j'ai pris de l'isotonique et du coca, sans faire exprès, mais c'était pas désagréable ma foi. Bref, hydratation et nutrition parfaites. Pendant l'entraînement les semaines précédentes, les sorties longues "en condition", en emmenant des gels, ont bien aidé il faut dire.

Le parcours

La carte de la course
Plan de la course

Le parcours était prometteur. Déjà, la vue, avec de nombreuses sections sur les bords de l'Elbe, d'où l'on pouvait apercevoir des vignobles sur les collines et des "châteaux"/belles demeures.

En Septembre, un pont s'est effondré à Dresden, obligeant les organisateurs à changer le parcours légèrement. Notamment la fin du parcours, où ils nous ont fait passer par le centre historique de Dresden, certes magnifique, mais pavé, au lieu de rester sur la piste cyclable qui longe l'Elbe. Mais bon, pas bien grave.

Puisque le marathon de Dresden reste un "petit" marathon en terme de participation, loin des 50,000 participants venus du monde entier à Berlin, certaines routes larges n'étaient pas entièrement fermées à la circulation. Seul un côté l'était, celui où nous courrions. Parfois, ils faisaient même traverser les voitures aux carrefours entre deux groupes de coureurs. Mais pareil, à part quelques odeurs de pot d'échappement pas très agréables, ça ne m'aura pas dérangé du tout.

Au km 6, après plusieurs côtes dans "la nouvelle ville" de Dresden, le parcours nous emmenait dans un long tunnel (à vue de nez, facilement 500m) en descente légère, dans lequel résonnait un tambourinement énorme. Puissant, venu de la sortie du tunnel, si loin mais si proche en même temps. Si fort qu'il m'était impossible de penser. Mais enivrant, transportant. Alors que je courrais, une scène de Matrix 2 me revient en tête. C'est ça. C'est exactement ça. Comme dans le film ! Je me laisse aller, le sourire aux lèvres. Le tunnel est éclairé de toutes les couleurs, juste pour nous, coureurs. C'est dingue.

Le reste du parcours était relativement plat. Strava m'indique que nous avons eu 171m de dénivelé positif. Nous sommes restés avec les semi-marathoniens jusqu'au km 17.5. Jusque-là c'était relativement dense, et tout d'un coup presque plus personne. Je trouve un français juste devant, encouragé par sa famille sur le côté - c'est comme ça que je j'ai su qu'il était français. Après s'être salués, nous courons ensemble 1 ou 2 kilomètres, dans le silence, sans parler. Puis petit à petit il me distance. Il devait courir 2 ou 3 secondes de moins que moi au kilomètre. Je finirai la course 32 secondes après lui.

Après avoir parcouru 21 kilomètres, on fait une deuxième boucle pas tout à fait similaire à la première, jusqu'à l'arrivée. Le reste du parcours est sympa, hormis quelques kilomètres courus dans des petites rues où il s'agissait de faire demi-tour au bout et revenir sur nos pas. Les derniers kilomètres sont chouettes et se font à longer le bord de l'Elbe puis traversent la vieille ville, avant de passer la ligne d'arrivée exactement devant notre hôtel.

Douleurs pendant la course

Alors là ça va être rapide : aucune. J'avais l'habitude depuis plusieurs semaines de courir avec cette douleur dans le mollet gauche, plus ou moins forte. Mais là, je ne l'ai pas sentie, à part peut-être une fois ou deux brièvement. Mais sinon, rien, tellement concentré dans la course, dans le chrono que je visais, pris par l'ambiance, occupé à planifier le prochain gel ou prochain ravitaillement en eau, imaginant plein de scénarios possibles ("et si je ralentissais là tout de suite ?" 😅).

Gestion de l'effort et ce qui se passe dans la tête au fil des kilomètres

D'ailleurs en parlant de scénarios... C'est dingue tout ce à quoi on a le temps de penser quand on se retrouve tout seul avec soi-même pendant près de 3 heures et demi !

Avant la course, j'avais vu des vidéos sur comment "break down" un marathon : en français, comment découper un marathon mentalement en plusieurs phases. Kms 0-10 : ne pas partir trop vite, rentrant dans le flow. 10-30 : maintenir un pace, débrancher le cerveau. 30-35 : la course commence maintenant. 35-40 : "a walk in the park", presque fini, on peut lâcher les chevaux. 40-42 : sprint final. Y'a un peu de vrai là dedans.

En ce qui me concerne, beaucoup de monde au début, avec le stress de la course, et les quelques montées, les 10 premiers kilomètres sont courus un poil plus vite que prévu, mais rien de dramatique. Au km 10 je me souviens avoir donné RDV à mon cerveau 20 kilomètres plus tard (donc au km 30) mais je n'ai jamais vraiment réussi à "déconnecter". Je n'ai pour ainsi dire jamais vraiment trouvé cet état de flow, assez facile à atteindre à l'entraînement, seul. Les kilomètres s'enchaînent, vers le km 11 je lance une grosse accélération dans le but de rattraper les pacers de 3h30 qui se trouvent depuis le début environ 200m devant moi. D'ailleurs ça se voit sur Strava, mon kilomètre 12 a été couru 14 secondes plus vite que mon allure cible. Je reste avec ce groupe de mémoire 3 ou 4 kilomètres avant de me décider à les lâcher et à passer devant, car je sentais que je pouvais et que le groupe me ralentissait un peu par rapport à mon allure cible.

Ensuite, km 18 je me colle au français que je viens de rencontrer. Pas grand chose me passe par la tête mais je réalise que, quand même, ça devient compliqué. Psychologiquement, en ce qui me concerne, tant que la moitié n'est pas passée, j'en chie. À vélo c'est pareil. Je peux faire un 200 kilomètres assez facilement, tant que les 100 premiers sont déjà faits 😆. Bref. Ça y est, on traverse l'Elbe à nouveau, sur un pont, soleil en plein visage, le kiff, et je vois le panneau des 21 kilomètres. Bingo! Y'a "plus qu'à rentrer à la maison", comme j'aime me le dire à chaque fois. Mentalement, ça me débloque.

Les kilomètres 21 à 28 sont assez horribles. Des petites rues, deux fois nous faisons demi tour au bout d'une rue (heureusement deux rues différentes), donc à chaque fois on revient sur nos pas, chaque sens de marche d'un côté de la rue. Rébarbatif. Je rentre dans le dur psychologiquement. Physiquement, R.A.S, tout roule niquel.

Et c'est là que les pensées cheloues apparaissent haha. Je commence à imaginer les 5 personnages du dessin-animé "Vice Versa" dans ma tête. J'imagine "Colère" en mission pour débrancher la partie de mon cerveau qui me fait douter. J'imagine "Peur" qui fait un rapport de l'état de mon corps et notamment des jambes. J'imagine "Joie" qui prend le contrôle du tableau de bord. Bref, ça me donne le sourire et me permet de ne pas voir passer quelques kilomètres. Surtout qu'il parait que les coureurs souriant performent mieux...

Une image du dessin-animé Vice-Versa
Personnages de Vice-Versa

Les kilomètres 29 à 38 sont une redite du premier tour, ennuyant mais au moins je savais à quoi m'attendre. Et c'est là que je me rends compte que chaque seconde perdue par rapport à mon allure cible devient presque impossible à rattraper. Ça y est, je suis officiellement fatigué.

Splits

Negative split ? Oublie ! Il faut que je maintienne mon rythme, je n'arrive plus à faire d'accélérations comme au tour précédent. Chaque seconde perdue est définitivement perdue. Pour vous donner une idée, sur la montre, j'avais fixé un temps cible d'arrivée. Au km 20, j'avais environ 50 secondes d'avance sur ce temps, une bonne partie gagnée en accélérant pour rattraper le groupe des pacers. Et bien à partir du km 30, les 50 secondes n'ont fait que diminuer petit à petit, si bien que j'ai franchi la ligne d'arrivée avec à peine plus de 10 secondes d'avance sur mon temps prévu à la montre. Bref, les kilomètres après le km 29 sont vraiment difficiles. Je repense à une technique de mon Youtubeur préféré, qui consiste à se dire "allez je maintiens cette allure encore 1 km, et après je verrai". Et en fait, au bout d'un km, ne pas "voir" mais simplement se répéter cette phrase à nouveau. Ça marche pas mal quand on aperçois le panneau kilométrique au loin, ça marche moins quand on ne voit pas le panneau 😆. Une autre phrase (de moi, celle-ci) que je me suis pas mal répétée était "pense à la satisfaction de ne pas avoir ralenti, d'avoir atteint ton objectif de temps". Ça marchait plutôt bien.

Tout au long du marathon, je n'ai pas regardé une seule fois mon rythme cardiaque sur la montre. Il est plutôt normal qu'il soit supérieur à ce qu'il est à l'entraînement, de par le fait que ça soit une course. Mais ce jour-là, j'étais au moins 10 ou 15 pulsations plus haut 🤣. Bien content de ne pas avoir regardé, ça m'aurait inquiété. Et pourtant, au niveau cardiaque, je me suis senti à l'aise toute la course !

Rythme cardiaque
Une belle dérive cardiaque tiens !

Kilomètres 35-40. "A walk in the park". Et bah c'est vrai ! La motivation revient, une sorte de deuxième souffle aussi. Au lieu de compter de 0 à 42, je compte maintenant en "kilomètres restants". Je compte comme ça depuis le km 30, à vrai dire. Donc là, quand je passe 35, je me dit "plus que 7 ! C'est quoi, sept ? C'est rien, sept !". Un petit calcul (difficile, à ce stade de la course) me fait réaliser que 7 kilomètres c'est même pas 35 minutes. Allez !

Photo proche de la fin
Bientôt la fin !

Km 40 ! On rentre dans la vieille ville. Je commence à cogiter et réaliser que je suis en train de finir un marathon bordel !!! L'émotion monte d'un coup et une envie de pleurer arrive, qui me coupe le souffle, littéralement. Je me dis "ressaisis-toi, tu pleureras dans 2 kilomètres" et 30 secondes plus tard mon souffle est de nouveau normal (spoiler alert : aucune larme de joie après la ligne d'arrivée haha c'était maintenant ou jamais, faut croire). La vieille ville et ses rues pavées rendent la course vraiment difficile, il faut faire attention à chaque pas au risque de se fouler une cheville. Beaucoup de coureurs optent pour les trottoirs au lieu de la rue, je fais de même.

Et enfin... Dernier virage. Au loin, l'arrivée. Je donne tout, j'accélère, je fais le beau pour les photos, et c'est finiiiiiiiii !!! Fini bordel !!! J'ai fait un marathon !!!

Photo à l'arrivée
3h28'19" temps brut - 3h27'12" temps réel

État des lieux post-course et conclusion

Allongé dans l'herbe
Quelques minutes après l'arrivée

Aussi incroyable que cela puisse paraître, je n'ai aucune douleur ni aucune nouvelle blessure. Ma mini blessure au mollet que je n'ai absolument pas sentie pendant la course mettra quelque heures avant de se réveiller un peu, mais rien de supérieur en terme de douleur à ce que j'ai pu ressentir dans les semaines précédentes.

Entorse ? Rien, absolument rien, la cheville est bel et bien réparée. Périostite ? Aucune ! Je porte maintenant systématiquement des manchons de compression. J'ose croire que ça aide à prévenir les périostites.

Le soir même, les jambes sont un peu douloureuses, mais que d'un point de vue musculaire. Disons que je sens que les muscles ont bien travaillé. Ça ne m'aura pas empêché de m'endormir plus de 10 minutes haha.

Dans les jours qui suivent, presque pas de courbature, à peine le lundi, et déjà plus rien dès le mardi. Les nouvelles mousses des chaussures à plaque carbone doivent beaucoup aider.

Bref ! Voilà qui conclue ce long article, sur ce premier marathon aux conditions parfaites, et au résultat à la hauteur de mes espérances. Grande grande satisfaction, ça me donnerait presque envie de recommencer 😆. Mais d'abord, je vais commencer par prendre le mois de Novembre off running, on avisera à partir de Décembre 😃.

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