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Récit d'une course inachevée

Une course de vélo qui finit en DNF

🕒 9 min read

Category: Bikes

Tags: velocity

Les conditions étaient presque toutes réunies pour une belle course. En ce dimanche 4 août 2024, hier donc, je participais pour la troisième fois à la course sur route VeloCity à Berlin : 100kms dans Berlin, avec une bonne partie en dehors de la ville, sur routes fermées, quelques milliers de participants, départ et arrivée au milieu du Tiergarten. Bref, une belle course en vue.

Au réveil, peu après 8h, il pleut. Peu certes, mais il pleut. Je regarde le radar de pluie, cela devrait bien s'arrêter. Le départ est prévu à 9h30. J'ai bien dormi, étonnemment, presque 8 heures de sommeil, aucun stress, je connais la course, c'est la troisième fois.

Petit déj copieux, pâtes pesto, flocons d'avoine et lait de soja, barres de céréales. Je pars de chez moi juste avant 9h, les poches arrières pleins de gels et barres énergétiques, et je rentre dans mon sas de départ à 9h25, pile à l'heure, sas B. La pluie a cessé mais la route est trempée, tant pis, c'est mieux que de se prendre une saucée. Je me remets juste du COVID (ou autre maladie similaire), le weekend d'avant j'ai eu de la fièvre pendant 3 jours et un maxi rhume, qui aura trainé jusqu'à 2 jours avant la course. Mais tout va bien je suis en forme, mon dernier gros ride test remonte à jeudi (3 jours plus tôt), plus de 60 kilomètres à 31.5 km/h de moyenne en solo.

Top! le départ est donné. Je suis pas encore hyper hyper dans la course mais ça vient. Principalement car j'ai vraiment aucun stress, je sais à quoi m'attendre. Je veux seulement améliorer mon temps de l'année dernière. Les premiers kilomètres passent, on sort de la ville et on rentre dans Grunewald, et moi je rentre dans ma course petit à petit. Je prends des roues, souvent les mêmes. On est nombreux. Je reste avec ceux de mon sas de départ, ça roule plutôt bien, plus de 40 km/h de moyenne sur le compteur, la course est bien lancée. Les jambes sont très bonnes, j'arrive à relancer et me replacer dans le peloton regulièrement, plutôt vers l'avant, c'est jamais bon d'être à l'arrière en cas de chute.

Je me fais la reflexion que je vois beaucoup de gens arrêtés sur le côté, en train de pomper ou démonter une roue. Alors qu'il n'y a qu'un sas qui est parti avant moi, donc pas beaucoup de gens. Je me dis que ça doit vraiment être relou quand même. Ça ne m'est jamais arrivé sur une course.

Km 15, en plein milieu de Grunewald, je suis au milieu de mon bunch. J'avais pour le moment plutôt roulé sur le côté du groupe, pas au milieu. Je me place au milieu, je sais pas trop pourquoi. Au bout de quelques mètres, je me dit que la sensation est étrange, comparé à quand j'étais sur le côté du groupe, une bonne impression de rouler moins vite, sûrement car moins de vent en direct sur moi. Au bout de quelques secondes, je décide quand même de check ma roue arrière, on sait jamais. Alors que je penche la tête, bonne grosse sensation de "déraper" de l'arrière train. Pas manqué, j'ai bien crevé de la roue arrière. S'il fallait un début à tout, voici ma première crevaison sur course.

Je décide donc de m'arrêter sur le côté, je fais signe aux autres et me décale progressivement, en securité, puis m'arrête. Je change la chambre à air en 13 minutes chrono, j'ai pris le soin de compter. J'ai bien vérifié dans mon pneu, rien trouvé de saillant. Je ne trouve pas de bout de verre ou truc piquant. La route étant trempée, tout est dégeulasse, plein d'hydrocarbures et autres saletés. Mes mains sont noires après la réparation, dégeus. Je rage intérieurement, mon entrain bien entamé. Je repars. Pas réussi à remettre plus de 4 bars (je pense), avec ma petite pompe, tant pis. Rapidement, je me fais à l'évidence : mon groupe est à des années lumières de moi, j'ai été rattrapé par le sas D, E voire même F, l'allure n'est pas la même (et l'allure des cyclistes et de leurs vélos non plus 😆). Je passe de suiveur à leader, je suis plus rapide que tout le monde, ça va être dur de prendre des roues, par contre les autres ne se privent pas de mon aspiration, ils auraient tord !

Je ne suis plus du tout dans la course, mais alors plus du tout. Je rage carrément. Je me dit que ça va revenir, je vais bien retrouver un groupe.

Dans la panique, après la réparation, j'ai mal refermé ma sacoche de selle. Au bout de 10 kms, quelqu'un me le fait remarquer. Complétement à l'ouest, j'oublie que je suis dans une course, je commence à freiner sans prévenir et me déporter sur le côté, on me le fait remarquer en me hurlant dessus à plus de 35 km/h, fair enough, c'est ma faute, sorry. Je m'arrête, referme la sacoche, remarque au passage que mon multitool s'est fait la malle, fuck va falloir en racheter un, je l'aimais bien, fait chier...

Ça repart. Là, autant dire que je ne suis plus du tout dans la course. Je subis et surtout je suis hors de moi. Bon allez oublie, les jambes sont hyper bonnes, j'appuie tant que je peux, je remonte beaucoup de gens, derrière moi ça ne suit pas, en même temps je suis avec des gens d'un tout autre niveau.

On sort de Grunewald et retourne dans une agglomération, au sud de Berlin. J'aperçois une poubelle, je jette à son pied ma chambre à air crevée que je me trimballais dans la main depuis tout à l'heure. Enfin ! Je pédale je pédale, à l'arrière c'est pas hyper gonflé je le sens mais ça roule... enfin je croyais. Au km 29, à nouveau une sensation cheloue à l'arrière, ça "bouge". Coup d'oeil, PUTAIN c'est encore crevé !!!

Nom de dieu, fait chier ! Je m'arrête et prends quelques secondes pour évaluer mes options. Rapidement j'arrive à la conclusion que c'est fini pour moi. DNF. Did not finish. Je n'ai plus de chambre à air, et je vais pas commencer à patcher ma chambre à air avec une rustine maintenant, avec l'état de la route, de mon vélo et de mes mains. Sur une course de 2h30, ça n'en vaut pas la peine. Sur un IronMan pourquoi pas mais là clairement... En plus, the fun is gone, j'ai plus aucun plaisir. Je rage de ouf, c'est tout.

A photo of my bike next to a Nextbike
Mon vélo, pneu arrière à plat, à côté du Nextbike qui m'emmènera au S-Bahn

Je suis loin du centre de Berlin, rentrer s'annonce compliqué. Je décide de me trouver un Nextbike et d'aller à la station de S-Bahn la plus proche. Alors que je suis sur mon Nextbike, une main sur le guidon, l'autre sur le guidon de mon vélo de route en train de le pousser, le coup de grâce arrive : troisième crevaison, le pneu avant de mon vélo de route est soudain à plat, aucune idée pourquoi. J'étais même pas sur le vélo bordel... 😂

Après avoir tout démonté ensuite à la maison, j'ai crevé à l'avant et à l'arrière à cause de morceaux de verre. Il semblerait qu'à l'arrière les 2 crevaisons étaient dus au même morceau, que je n'ai pas senti au doigt lors de ma rapide inspection sur le bord de la route, avant de remonter la nouvelle chambre. Dommage. Étonnant quand même, du verre dans Grunewald, une forêt...

Leçons tirées

Bon déjà, les pneus. Alors ok, peut-être que j'ai juste eu VRAIMENT pas de chance, peut-être que des nouveaux pneus n'auraient rien changé, mais quand même. Même si les miens étaient encore bons (les témoins d'usure étaient visibles et ok, même si pas tout neufs), les pneus avaient plus de 10,000 kms. J'ai hésité à les changer avant la course, j'ai vraiment failli le faire, puis je me suis dit que ça allait le faire. Oups. En 2022 pour l'Étape du Tour, j'avais changé les pneus. J'aurais du faire pareil là. D'ailleurs, c'est ces mêmes pneus de 2022 avec lesquelles j'ai roulé hier. À l'avenir, je changerai mes pneus avant chaque course. Je garderai les anciens en backup s'ils sont encore bons, on va pas gaspiller non plus.

Deuxième leçon : toujours avoir 2 chambres à air de rechange en course. Pareil, pour l'Étape du Tour j'en avais 2 à chaque fois. Là je sais pas pourquoi, j'y ai même pas pensé, je suis parti qu'avec une.

Ensuite, les cartouches de CO2. J'ai toujours vu ça comme du gaspillage, mais en course c'est quand même intéressant. Déjà car ça t'évite 1 ou 2 minutes de gonflage épuisantes, et ensuite car ça permet de remettre 7 bars ou plus en 3 secondes, ce qui est nettement mieux pour rouler vite. Et là pareil, prévoir 2 cartouches, pas 1... car 2 chambres à air... donc 2 cartouches... On n'oublie pas l'adapteur entre la chambre à air et la cartouche. Et on garde quand même les rustines et la mini pompe en plus pour les longues courses ou même dépanner des gens tout simplement, ça pèse rien.

Enfin, la dernière leçon, pour laquelle je ne suis pas encore 100% convaincu, c'est le sealant (le liquide préventif anti-crevaison). Je roule pas en tubeless car j'ai entendu assez d'histoires cauchemardesques de cyclistes sur route, cependant si j'avais un gravel je serais en tubeless. Bref, sur route, je roule en chambre à air, mais j'ai lu sur Reddit notamment qu'il est possible de mettre du préventif dedans avant une course, qui fonctionnera comme sur du tubeless en cas de petite crevaison, et viendra boucher le trou. Il faut que je creuse le sujet. J'ai aussi vu qu'il existe des bombes de mousse à injecter dans une chambre à air APRÈS une crevaison, qui 1. répare les petites crevaisons et 2. regonfle la chambre à air. Suffisant pour finir une course. Pareil, sujet à creuser, et à tester au moins une fois sur une sortie hors course lors d'une crevaison, pour vérifier que ça fonctionne. Je suis pas encore convaincu pour le moment, surtout parce que la bombe est grosse, je me vois mal me trimballer ça dans le jersey. Par contre, mettre du préventif dans la chambre à air avant course, ça me semble mieux.

Bref, encore plein d'apprentissages, journée riche en émotions. I'll be back.